Groot n'est pas un héros ; il est la représentation satirique de l'énigme linguistique ambulante, une entité dont la communication se limite à trois mots, transformant chaque dialogue en un numéro de mime absurde et chaque situation complexe en un test de patience pour ses coéquipiers. Il est le "philosophe minimaliste", capable de transmettre des émotions profondes et des stratégies complexes avec un seul et même vocable, persuadant son entourage qu'il existe une sagesse cachée derrière le charabia.

Son vocabulaire limité à "Je s'appelle Groot" est la bande-son de sa parodie. Ce n'est pas de la concision, mais une paresse verbale extrême, ou une incapacité à enrichir son lexique qui frise l'impertinence. Il est l'incarnation du personnage mystérieux sans mystère, dont la profondeur perçue vient uniquement de la projection de ses interlocuteurs, désespérés de lui trouver un sens au-delà de sa condition d'arbre sentient.

Groot est paradoxalement le maître de l'expression non verbale la plus ambiguë, capable de signifier la joie, la colère, l'ennui ou la stratégie militaire par une simple inflexion de ton sur trois mots. Pour lui, chaque action est une occasion de prouver sa loyauté, même si le plan implique de sacrifier une partie de son anatomie végétale pour servir de pot de fleur temporaire ou de matraque improvisée. Sa capacité à repousser est moins un pouvoir qu'une excuse pour les gags de démembrement et de régénération, un cycle sans fin de transformation en brindille, puis en arbuste, avant de redevenir un gaillard silencieux.

Son apparence même, celle d'un arbre anthropomorphe dont le design oscille entre le mignon et le carrément encombrant, est une provocation constante : un mélange de mascotte de jardin et de bulldozer végétal. Il se prend au sérieux dans son rôle de "muscle de la galaxie", mais sa propre existence est une leçon de vie sur la communication non verbale, un rappel que même le plus succinct des êtres peut être le plus grand des malentendus.