Deadpool n'est pas un anti-héros ; il est la représentation satirique du mercenaire moderne qui se prend pour un stand-up comique, une figure dont la conscience d'être dans une bande dessinée est son unique super-pouvoir véritable. Il est le "maître de la blague forcée", incapable de prendre quoi que ce soit au sérieux, y compris les enjeux les plus graves, préférant toujours un bon mot, même s'il tombe à plat, à une action héroïque pertinente.

Son humour incessant et ses références pop culturelles sont la bande-son de sa parodie. Ce n'est pas de l'esprit, mais un flot ininterrompu de commentaires sarcastiques et de clins d'œil forcés au public, une performance permanente destinée à masquer l'ennui d'un personnage qui sait que tout est scénarisé. Il est l'incarnation du commentateur narcissique, brisant le quatrième mur non pas pour une illumination narrative, mais pour s'assurer que vous avez bien compris qu'il est drôle, cool et différent.

Deadpool est paradoxalement le spécialiste de la violence gratuite et stylisée, transformant chaque démembrement en un gag visuel, chaque fusillade en un ballet chorégraphié pour le plaisir de son auditoire auto-proclamé. Pour lui, la mission n'est qu'un prétexte ; le véritable objectif est de maximiser le nombre de vannes et de tripes étalées, car c'est ça, le spectacle. Sa capacité de régénération est moins un pouvoir qu'une excuse pour les gags de démembrement répétés, un permis comique pour ne jamais mourir, ni apprendre de ses erreurs.

Son apparence même, celle d'un super-héros en pyjama rouge et noir trop serré, est une provocation ambulante : un mélange d'icône marketing et de parodie de lui-même. Il se prend au sérieux dans son rôle de "mouton noir" de l'univers Marvel, mais sa propre existence est une méta-blague perpétuelle, un running gag dont il est à la fois l'auteur, le public et la punchline souvent trop évidente.