Harley Quinn est la représentation satirique de la "mauvaise fille" réhabilitée, mais toujours à moitié folle, une figure dont l'émancipation est un spectacle de pyrotechnie chaotique. Ancienne psychiatre, elle a troqué la blouse blanche pour le costume d'arlequin, devenant la figure emblématique de la chute libre intellectuelle, où l'intelligence est sacrifiée sur l'autel d'une passion dévastatrice pour le "Puddin'".

Son "amour" pour le Joker est une farce tragique et hilarante : elle est la satire du syndrome de Stockholm version comics, une femme qui pense se libérer en embrassant pleinement la folie de son tortionnaire, avant de s'en détacher pour mieux recréer son propre chaos. Elle est l'incarnation de la "bad girl" qui ne grandit jamais, une adulte s'accrochant à une adolescence rebelle et à des tenues criardes, persuadée que le désordre est une forme de liberté.

Harley est paradoxalement la maîtresse de la sur-comédie et de la violence joyeuse. Chaque coup de batte, chaque explosion, est accompagné d'un sourire déjanté, transformant la brutalité en un numéro de cirque dérangé. Pour elle, le crime n'est pas une rébellion, mais une thérapie alternative bruyante, un exutoire pour une énergie débordante et une incapacité chronique à s'ennuyer.

Son apparence même, celle d'une arlequin débraillée et ultra-stylisée, est une contradiction ambulante : un mélange de mignon et de mortel, de glamour absurde et de danger immédiat. Elle se prend au sérieux dans son rôle de vilaine excentrique, mais sa propre existence est une performance continue, une blague pétaradante dont elle est la protagoniste, toujours prête à basculer entre la crise existentielle et une envie subite de faire sauter un bâtiment.