Le Joker n'est pas un simple criminel ; il est la représentation satirique de l'anarchiste ultime, un clown dont la folie est tellement auto-consciente qu'elle en devient grotesque. Son "génie" du mal se manifeste par une série d'actes d'un chaos absurde, souvent dénués de toute logique réelle ou de bénéfice personnel, sinon le plaisir de voir le monde brûler... ou simplement d'ennuyer Batman.

Son rire maniaque et omniprésent est la bande-son de sa parodie. Ce n'est pas un rire de joie, mais une grimace sonore, une performance forcée pour cacher l'ennui profond d'un homme qui a tout compris au monde et qui n'y voit qu'une blague sans fin. Il est l'incarnation du philosophe de trottoir, prêchant le non-sens et la destruction gratuite, mais dont les "leçons" se résument à des blagues de potache sanglantes.

Le Joker est paradoxalement le maître de la mise en scène grandiloquente, transformant chaque acte criminel en un spectacle macabre, car pour lui, le crime est un art... ou plutôt, un performance art dont il est le seul public réellement captivé. Sa relation obsessionnelle avec Batman est le summum de la comédie noire : un duel éternel entre un homme déguisé en chauve-souris et un clown, une danse absurde où le véritable but est de se divertir mutuellement dans une symphonie de coups et de farces.

Son apparence même, celle d'un clown macabre aux couleurs criardes, est une provocation constante, une insulte visuelle à l'ordre et au bon goût. Il se prend au sérieux dans son rôle de chaos incarné, mais sa propre caricature est le plus grand de ses numéros, une blague perpétuelle dont il est à la fois l'auteur, l'acteur et la victime consentante.