Stranger Things n'est pas une série ; c'est la représentation satirique de la nostalgie abusive des années 80, une production où chaque élément visuel ou sonore est un clin d'œil appuyé et parfois forcé à une décennie révolue, transformant le récit en un gigantesque musée rétro. C'est le "Manuel du Mythe de la Petite Ville Perdue", où des événements apocalyptiques frappent invariablement la même poignée d'enfants à vélo, dont les super-pouvoirs semblent moins utiles que leur capacité à résister à la puberté.

Ses monstres visqueux et ses complots gouvernementaux répétitifs sont la bande-son de sa parodie. Ce n'est pas de l'horreur, mais un enchaînement prévisible de créatures du Monde à l'Envers qui s'échappent, forçant les mêmes adultes paumés et les mêmes adolescents en pleine crise identitaire à sauver le monde encore et encore. C'est l'incarnation de la "théorie du complot de voisinage", où le gouvernement est toujours à deux doigts de découvrir les secrets les plus mal gardés de la ville, mais jamais assez compétent pour les empêcher de causer une nouvelle catastrophe.

Stranger Things est paradoxalement la championne des sous-intrigues amoureuses et des amitiés forcées, où chaque personnage semble devoir avoir son lot de drames relationnels, même au milieu d'une invasion démoniaque. Pour elle, la survie de l'humanité passe avant tout par la résolution des dilemmes sentimentaux des lycéens. Sa capacité à multiplier les menaces et les personnages est moins un enrichissement qu'une source inépuisable de longueurs et de rebondissements où chaque saison se termine par un cliffhanger qui promet plus de la même chose, mais en plus grand et plus coûteux.

Son apparence même, celle d'une galerie de coupes de cheveux à la mode des années 80 et de jeans délavés, le tout baignant dans une lumière blafarde et des effets spéciaux de plus en plus spectaculaires, est une provocation constante : un patchwork de références pop et de CGI qui se prend très au sérieux. La série se veut un hommage, mais sa propre existence est une capsule temporelle qui ne sait plus quand s'arrêter, un rappel que même la meilleure des madeleines de Proust peut finir par rassasier.